what a glorious feeling (lea)

@Lea Winter
♫ Craquent mollement sous le pas feutré les feuilles d’automne tombées des arbres, palette de tons ocres et rougeoyants qui, dans les flaques, perdent de leur vivacité comme des aquarelles.
Cette période de l’année et sans nul doute, et de loin, la préférée de Jaimie, quand la grosse pomme se part de couleurs flamboyantes et d’une certaine nostalgie, que nulle autre ville au monde ne porte avec autant de cachet que la plus emblématique citée américaine.
La pluie s’est mise à tomber ce matin-là, par intervalles rudes et drus, puis plus doux, offrant un peu de quiétude à qui voulait braver les pleurs du ciel pour une promenade à la fraîche, dans l’air parfumé des rues détrempées de New-York.
Loin de fondre comme un morceau de sucre sous l’eau, le jeune Warner s’est muni de son plus beau parapluie à motif tweed, et a texté un message rapide à Lea.


Cela fait un bon moment maintenant qu’il n’a plus partagé un moment privilégié avec son amie, les horaires incombant à son nouveau poste l’attachant à son bureau et aux heures supplémentaires, dont il se serait bien passé. Ancien sportif, il n’est pas voué à passer ses journées les fesses scotchées à une chaise derrière un écran d’ordinateur, Jaimie, mais allez le faire comprendre à son père. Il lui fallait se défouler, gambader dehors, flâner le nez au vent, précisément ce qu’il compte mettre en application ce vendredi matin dans les poumons verts de la big city.
Assis sur un banc de strawberry fields, Jaimie attend l’arrivée de Lea, bien à l’abri sous son large parapluie, plateau porte-gobelets en carton de Starbucks sur les genoux, fumant à souhait…

@jaimie warner

réception du message, le portable qui vibre dans ma poche, j'hésitais entre trois personnes vu l'heure à laquelle il arrivait. Ce ne fut pas la surprise en voyant le nom de Jaimie s'afficher sur l'écran fissuré. aussi brisé que le myocarde. Jaimie dans toute sa poésie avait le don de réveiller mon estomac.

je me demande encore comment les Warner arrivent à me supporter, je suis loin de la grâce des deux garçons et de leur famille et autant Cameron semble me ressembler, autant Jaimie j'ai encore du mal à savoir ce qu'il trouve de bon dans notre amitié. Bon, il est vrai que devenir mère m'a fait prendre conscience des responsabilités et pourtant, parfois j'ai encore la sensation d'agir comme une adolescente de seize ans. comme celle que j'étais avant que tout ne change.

mais il est vrai que passer du temps avec Jaimie m'avait manqué. Tout est différent, il ne semble avoir aucuns secret sombre à cacher, pas comme Cameron dont j'aimerais tant être dans la confidence afin de pouvoir l'accompagner dans cette obscurité. Peut-être que son cadet pourrait me donner quelques informations, mais je doute fort qu'il accepte de parler de son aîné maintenant après autant de temps sans s'être vu.

Il ne m'a pas fallut un temps énorme pour le rejoindre et comme toujours, j'avais sous estimé le temps. Ma jupe n'était pas adapté pour la pluie ruisselante, mais cette tenue était l'une de mes préférées avec cette petite veste en cuir. Je m'avançais doucement vers le banc où Jaimie était assis à m'attendre, toujours avec son style propre à lui. Avec douceur, mes mains froides se glissaient sur ses paupières et mes lèvres parsemées de rouge contre sa joue.

- bonjour Jaimie boy ! disais-je avec espièglerie.
du café ! ça tombe bien, ma batterie est à plat !
tu es parfais Jaimie boy.

contournant le banc, je m'asseyais à mon tour à ses côtés en prenant sans gêne un café entre mes mains. Regardant un instant son ami, je lui adressais un sourire avant de reprendre ;

- J'ai trouvé quelque chose pour Cam, un cadeau. Il m'inquiète en ce moment. ajoutais-je en sortant une boite de ma poche. Dedans s'y trouvais un bracelet avec nos quatre initiales ; Cameron, Lea, Jaimie et Eden.
Tu penses qu'il va aimer ?

J'avais la certitude que Jaimie aimerait, mais je ne savais pas pour Cameron bien que pour lui Eden soit comme sa famille. Mais dans le doute, il fallait que j'en sache plus auprès de Jaimie.

@Lea Winter
La réponse de Lea ne se fait pas prier, fuse à travers la poche de sa veste dans un joyeux bourdonnement. Et bientôt, le sourire amusé de Jaimie se transforme en grimace lorsqu’il découvre son deuxième post-scriptum et baisse les yeux sur le café brûlant qui lui réchauffe les paumes des mains ; too bad for the coke, sweetheart…
Néanmoins, elle lui a tacitement confirmé être libre pour le déjeuner ce qui, en soi, le réconforte déjà. Réconforte aussi son estomac qui gronde, presqu’aussi fort que le tonnerre qui retentissait dans le ciel chargé d’électricité même pas une heure auparavant. Encore quelques minutes à attendre, croisant les doigts pour qu’il ne l’ait pas surprise au saut du lit, voire, pire, réveillée tout court, mais le temps d’imaginer mille et un scénarios que de petits doigts glacés, déjà, viennent se coller contre ses paupières, lui arrachant un frisson de froid et un rire enthousiaste. Sa joue se pare d’un adorable tatouage éphémère, couleur « coucou c’est moi ! », tandis qu’il la serre brièvement dans ses bras, avant de lui proposer le porte-gobelet fumant quand elle s’assoit près de lui, pour qu’elle se réchauffe à son tour de quelques gorgées caféinées. « Je serais parfait quand on sera assis devant un bon burger et que t’auras ton coca ! Les désirs de Madame sont des ordres… » Le ton est malicieux, camoufle habilement la propre envie qu’il s’est fait venir, d’un bon cheese supplément bacon, comme ceux qu’il aime venir déguster au Loeb Boathouse de Central Park, lorsqu’il a du temps à perdre – ce qui, avouons-le, s’avère être assez rare. La simple idée d’un bun bien doré dans son assiette, qu’il visualise soudain très nettement, suffit à le faire saliver et réveiller la bête nichée au creux de son estomac vide.
Le temps de réserver une table sur le net, histoire de leur laisser suffisamment de quoi se balader un peu, puisque, toute jolie dans sa jupe et ses bottes, Lea a manifesté son envie de sauter dans les flaques, qu’elle lui glisse sous le nez une petite boîte. « Moi en tout cas, j’adore ! » Mais rien d’étonnant à cela, aussi fantasque que la blonde pouvait être, une de ses qualités indéniables est de rivaliser d’attentions, et de génie dans l’art de trouver des cadeaux personnalisés. « Ça lui plaira beaucoup. Tu comptes lui offrir pour son anniversaire ou… avant ? » Tout en faisant glisser le bracelet entre ses doigts, il l’observe par en-dessous. C’est que son frère l’inquiète aussi, en ce moment.
« Je préfère te prévenir, je l’ai un peu sondé, et j’ai l’impression qu’il n’a pas envie de faire grand-chose cette année... » Puis de soupirer dans sa barbe. « Enfin, il a pas envie de grand-chose tout court. » L’éclat préoccupé dans ses yeux est vite balayé par le sourire qu’il se force à arborer. « Tu lui as parlé, dernièrement ? Ou ce n’est que moi, qu’il snobe royalement ? »