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 stranger in a room (lucrezia)


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Jared Leibowitz

Jared Leibowitz



◦ id : eigengrau (elle)
◦ faceclaim : a. taylor-johnson © av/labonairs ; gif/self

◦ age : trente-et-un ans.
◦ occupation : silhouette muette à l’avant des carcasses jaunes de taxis / Poings qui s’écorchent dans le carré des rings illégaux, esprit qui s’éteint dans les festins de ferraille, faisant de l’hémoglobine une orgie bacchanale.
◦ area : queens.
◦ mood : in the mood for rough.


seasons of love
options: (fr only) (#996600)
rp: 700+ mots en général, 3e personne du singulier.
companions:
trigger warnings: (joués) violence physique, deuil, langage vulgaire, petite criminalité. (sujets non lus et non joués) injection de drogues, age gap 15+, romantisation des relations toxiques, violences sexuelles.
clubs, groupes:

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stranger in a room
'Cause here under the blue lights
There's always someone I've wanted to know

TW : domaine médical et hospitalier, mention d'accouchement.

On avait coutume de dire qu'il n'y avait pas plus invisible que les conducteurs de taxi. Jared aurait pu en attester. L'espace du véhicule avait quelque chose d'étrange ; c'était comme si une frontière nette avait été érigée entre l'avant et l'arrière, que les deux territoires s'étaient vus séparés d'un mur en béton armé. Et dans l'inconscient collectif, cette muraille-là bloquait chaque regard et chaque bruit, chaque conversation au téléphone, chaque confidence glissée à un voisin. Celui qui tenait le volant et faisait glisser la bagnole sur le macadam n'existait pas – à peine incarné par l'arrière d'un crâne, et une paire d'yeux fuyants dans le rectangle du rétro. Ils en faisaient tous une bulle d'intimité, un lieu hors du temps entre deux destinations ; l'occasion de chuchoter un potin que des oreilles curieuses auraient pu intercepter partout à l'extérieur, celle de se repoudrer le nez en toute discrétion, de partager une conversation impie avec celui ou celle dont sa moitié ne devrait jamais connaître l'identité.
Il en avait vu des visages dans le rétroviseur ; des morceaux de traits tronqués par le cadrage allongé, des expressions pressées, fuyantes, entendu des rires ivres, des bavardages amourachés. Il avait entendu des disputes qui finissaient en je t'aime avant la fin du trajet, des marketeux qui parlaient stratégie comme s'ils soignaient le cancer, des bourgeois et des bourgeoises en route pour le brunch du dimanche ; il avait appris à déceler sur les visages l'appréhension des premiers rendez-vous, la panique des entretiens d'embauche, la désillusion des dates ratés, l'euphorie de ceux qu'on estimait réussis. En vrac, les amants pressés de rejoindre les couloirs des chambres calfeutrées, les gamins moins pressés de retrouver leurs diners de famille, les hommes et femmes d'affaires qui causaient trop fort au téléphone, les touristes avec le nez collé à la vitre, les riverains désabusés aux doigts scotchés à l'écran. Formidable jungle humaine à laquelle il assistait chaque jour – le monde, coincé dans l'habitacle minuscule d'un taxi. C'était son arche de Noé, son échantillonnage personnel de tout ce que cette ville pouvait enfanter. Mais il restait toujours en dehors, Jared. Simple observateur d'un million d'existences croisées et mélangées, qui trouvaient le temps de se stopper une poignées de minutes sur sa banquette arrière. Spectateur, toujours.

Ou disons, jusqu'à cette fois-là.

Elle s'appelait Nora, et elle s'était jetée dans son taxi en tenant son ventre proéminent, une grimace coincée sur le visage, en lui bafouillant de l'emmener à l'hosto le plus proche. La raison était assez évidente pour ne pas être détaillée ; mais c'était une heure de circulation intense, alors le trajet avait été plus long qu'escompté. Ils s'étaient retrouvés tous les deux, bloqués à l'angle de Houston et Essex par une meute de bagnoles aux klaxons bruyants. À l'arrière, Nora gémissait de douleur, et de toute sa vie, Jared s'était rarement senti aussi impuissant. Alors elle elle lui avait demandé de lui raconter un truc sur lui, n'importe quoi ; une anecdote à la con, quelque chose pour lui faire oublier les coups de marteau qu'elle avait subissait à chaque seconde. Et Jared, sans trop réfléchir, il avait conté cette fois où sa tante Sarah leur avait demandé leur avis pour le prénom de sa fille à venir, à Ezra et lui ; ils avaient huit ou neuf ans à l'époque, et il avait voulu faire original, alors il avait proposé « Buffy », comme la fille dans la série. Il se rappelle que ça avait fait rire Nora, pendant une ou deux secondes – avant que les coups de marteau recommencent.
Moi aussi c'est une fille, qu'elle lui avait glissé entre deux grimaces.
Y'a quelqu'un qui vous rejoint là-bas ? Le père ? — Non. Y'a pas de père. Y'a un coup tiré vite fait dans les chiottes du Dazy, mais y'a pas de père.
Elle l'avait dit sans rancœur, sans solitude ni désespoir ; simple information qu'elle ne s'embarrassait pas de partager, juste un fait. Alors il a compris qu'il aurait été déplacé de se sentir désolé pour elle – et davantage encore de le formuler.

Il a fermé sa gueule.

Il ne sait même pas combien de temps ils ont mis à arriver à l'hôpital. Mais les médecins ont immédiatement arraché Nora à sa banquette arrière pour la conduire dans le service adéquat ; et il a bien essayé de demander à la volée si tout irait bien, si elles allaient s'en sortir – elle et sa gosse. Forcément que personne n'a fait attention, que personne l'a écouté ; lui le taxi, le crâne arrière à l'avant de la bagnole. Parce qu'il n'aurait pas dû s'en soucier, qu'il aurait dû repartir comme si de rien n'était – faire de Nora un visage et une histoire de plus, dans son arche de Noé.
Il ne sait pas non plus pourquoi il s'est garé, et qu'il est allé squatter la salle d'attente de la maternité.  L'accouchement durerait sûrement des heures, et puis il était pas de la famille : on le laisserait jamais la voir, il était même pas certain qu'on aurait le droit de lui filer des nouvelles. Mais Nora, elle avait cassé le mur dans le taxi ; alors c'était trop tard, il était trop impliqué. Il devait savoir si ça irait.

Une ou deux éternités à fixer le rose saumon des murs du couloir. Une autre encore à se demander pourquoi il était resté. Quelques cafés immondes, pris à la machine, puis une barre de trucs au chocolat – le genre pour les gamins. Toujours rien. Puis à la quatrième éternité, il a vu une silhouette en blouse traverser le couloir : c'était une de celles qui avaient pris Nora en charge, il reconnaissait son visage – bien que froissé de fatigue.

Hey, excusez-moi, je... L'a t-il interpellé en se levant du siège en plastique sur lequel il s'était avachi, l'œil un peu agité. « Vous vous occupez de Nora ? Elle va bien ? Et sa gamine ?

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Wanna change your colors just for the night
Manhattan
warnings: univers médical, urgence médicale, mention d'accouchement et vocabulaire relatif
Une garde sans surprise. Une majorité d’accouchements prévus, deux césariennes programmées, temps de travail moyen: six heures. Rien d’exceptionnel. Rien de trop éreintant, en tout cas pas plus qu’à l’accoutumée. Quatre heures et demi avant la fin de la ‘journée’. Quelques visites en salle de travail, trois monitorings, un de plus à poser sous les yeux pleins d’excitation d’une élève sage-femme arrivée il y a deux semaines. À ton arrivée dans la salle dédiée aux blouses roses, un léger sourire s’étire sur ton visage. Hey Em’, wanna put tonight’s beads in the jar ? Em’, à savoir Emily, vingt ans, premiers pas dans un service de maternité. Elle se débrouille plutôt bien, so far. Les perles, tradition initiée par une collègue de trois ans ton ainée, au Nouvel An 2021. Une manière de garder en mémoire chaque petit être né entre ces murs. Une perle bleue: bébé assigné garçon, une perle rose: bébé assigné fille, une perle blanche pour les nourrissons nés sans vie ou morts quelques heures ou jours après leur venue au monde. Les cinq perles de la soirée - trois roses et deux bleues - teintent contre le verre froid lorsqu’Emily les glisse dans le grand vase bientôt plein. Elle sourit de fierté, de ces quelques vies dont elle a assisté aux premiers souffles, aux premiers cris étouffés. Elle s’en souviendra très certainement encore dans dix et peut-être même dans vingt ans. De la joie qui se dessine sur le visage des unes et des autres, des râles qui s’échappent des visages crispés par l’effort, voire la douleur. Tu gardes en mémoire chacun des trois nourrissons de ta première garde. Tommy, Mia, Wallace.
L’euphorie retombe violemment quand le visage penaud d’un interne se glisse dans l’entrebâillement de la porte. Une femme vient d’arriver, en taxi, seule, elle a perdu les eaux chez elle, il y a une heure “or maybe two”. D’après le service d’accueil des urgences, desquelles arrive ledit interne - Marcus, une vingtaine d’années, l’air de ne pas savoir ce qu’il fout là - le liquide n’est pas teinté, c’est une bonne nouvelle. La dilatation n’a pas pu être mesurée, ce n’est pas important. Ton regard interpelle Emily qui se réjouit déjà de cette opportunité. Ses joues rosies par l’adrénaline se gonflent à se dégonflent au rythme de ses pas légers; vous courrez à allure modérée, de quoi suggérer à celleux que vous croisez qu’il n’est pas très prudent de vous ralentir. Pas d’urgence, en tout cas pas selon le pré-diagnostic des urgences. Em’ est la première à un mettre un pied dans le service des urgences - qui sans surprise est ce soir comme tout autre à l’image d’un hall de gare. Les portes vitrées s’ouvrent et se ferment sur le taxi d’où se sont extraites les deux jambes de la patiente, maintenues dans la position la plus incongrue qui soit par les infirmiers-ières qui, assez évidemment, ne savent pas non plus ce qu’iels sont en train de faire.
Em’ s’accorde un “fuck” qui s’échappe de ses lèvres d’où n’apparaissent d’habitude que de grands sourires qu’elle offre à, basically everyone. C’est elle, qui s’avance. Qui intime aux blouses blanches de vous laisser champ libre, et surtout de laisser cette pauvre jeune femme: 1) respirer 2) se lever. Elle n’a pas l’air empêchée le moins du monde. Hi love ! My name’s Lu, my colleague Em’ and I are taking you inside, is that ok for you ? Elle hoche la tête. Quelques minutes passent entre chaque grimace. Elle parvient à se présenter, Nora, thirty-one, not registered. Evidemment les choses se précipitent, mais jamais complètement. Jamais aussi rapidement qu’après un red code, qui annonce quinze minutes, max. Ici, le temps vous appartient encore. Mais partout autour, le monde arbore le visage de la peur que l’on tente de retenir. Les gémissements sont trop réguliers, la distance entre deux services est trop longue. Un brancardier à la bonne idée de glisser un fauteuil sous les fesses de Nora qui s’y écroule. Don’t worry it is perfectly normal. Pour vous peut-être. Em’ est subjuguée par cette prestation qu’elle donne à voir partout autour d’elle. Pour toi ce n’est rien de moins qu’une routine inlassable. Les visages des internes des urgences changent chaque mois, la précipitation reste la même. Tu peux compter sur les doigts d’une seule main les véritables urgences; celles qui font s’élever au plafond l’adrénaline et la conviction qu’on est ici bien à sa place. Trois femmes, trois accouchements aux portes de l’hôpital (plus ou moins): une dans le taxi (un bon moyen de rassurer les collègues), une dans le hall, une sur le parking. Babies come as they please.
L’accouchement se déroule merveilleusement bien, et tu n’as rien à y ajouter. Quatre après les précédentes, tu ajoutes à la volée une petite perle rose qui rejoint ses camarades. Ta blouse retrouve son cintre, tes crocs le bas du casier, ton badge un petit crochet au-dessus duquel quelques photographies ont un jour été joliment accrochées. “Six a.m sharp miss Lulu ?” La doyenne du service glisse une main fraiche sur ton visage encore rougit par l’effort. You know me damn well Nat, see you t’night ! Une dernière garde avant deux jours de repos bien mérités. Si celle-ci s’est globalement très bien passée, les deux précédentes te laissent un goût amer dans la bouche, cette impression de ne pas avoir fait ton maximum, de ne pas avoir complètement rempli la tâche qui t’incombe. Mais la blouse rose défaite et soigneusement suspendue, tu tâches de ne plus y accorder trop de tes pensées, parce que ruminer n’aura jamais rien arrangé. Dans la salle d’attente, ton regard croise celui d’un homme qui te reconnait sans le placer. Un sourire poli lui est offert alors que ton visage fatigué balaye l’assemblée. Sa manière de t’interpeller est suffisamment respectueuse et - quelque peu - inquiète pour que tu y prêtes attention. Hey there ! Nora’s alright lo- Manière de parler. Quand on ne sait pas encore à qui l’on s’adresse, on a tendance à utiliser ce genre de petit surnom, c’est sûrement niais, mais c’est toujours mieux que rien. They’re both alright, don’t worry, the delivery was very smooth and… La fin de la phrase meurt à la commissure de tes lèvres. C’est le chauffeur du taxi dans lequel elle est arrivée, non ? Excuse me but ? Are you Nora’s companion ? Trop d’informations dévoilées, tu voudrais parfois pouvoir calmer le flot de paroles - et de pensées - qui s’échappe de ta bouche sans jamais crier gare.
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