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 in a heartbeat (roem)


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in a heartbeat

@Roem Baker  

Peu importe le pied délicat que Jolene choisit de lever, elle pressent que sa journée dérivera vers l'obscurité. Chat noir, messager de malheur, elle projette son ombre funeste sur tous ceux qui croisent son chemin. Un caprice du destin, dirait sa complice la plus proche; un hasard malheureux, soulignerait sa mère. Mais Jolene, elle, sait qu'elle est ici pour savourer l'éphémère, pas pour une éternité. Cette perspective prend une importance grandissante à présent qu'elle est étiquetée comme malade. Loin d'être une hypochondriaque, elle aborde même ses peines de cœur avec légèreté. Une ironie malicieuse, surtout lorsque l'on considère que, côté cœur, c'est un abîme abyssal, et elle semble s'enfoncer encore plus profondément. Malgré tout, elle a pris les devants en retournant s'installer à New York. Peut-être les plats réconfortants de sa mère réchauffent-ils son cœur et lui redonnent un éclat du passé. Peut-être préfère-t-elle le froid glacial d'un hiver new-yorkais à la douce brise californienne. Ou peut-être que Roem est en tête de liste, et elle préfère feindre l'aveuglement.

Pourtant, elle a envoyé ce message, elle a pris l'initiative, et comme à son habitude, l'oiseau maudit s'est accroché à son âme. Pauvre créature, douce et docile, se jetant toujours dans la gueule du loup qu'est Jolene. Cette fois, elle ne veut pas tout gâcher. Elle sait où il travaille, il a répondu, peut-être en pensant qu'elle ne serait pas capable de fouler le sol de son lieu de travail. Mais sait-il seulement qu'elle est de retour en ville ? La menace reste silencieuse et Jolene, vêtue de son long manteau noir et de son bonnet rouge sang, erre dans les méandres de la ville. Un café noir, sans lait, sans sucre, sans saveur, comme sa vie en ce moment. Et puis, un autre café, totalement différent, pour l'être cher. Il aura le choix, à l'époque, ils buvaient plutôt des bières bon marché sur le pont de Brooklyn en refaisant le monde, aujourd'hui, peut-être, des cafés pour le créer, ce monde dont ils ont tant parlé. Elle entre dans la boutique où il est censé se trouver, la petite clochette vintage à l'entrée annonçant sa présence. Puis, à ce moment précis, elle croise son regard, et la vie semble retrouver ses couleurs. "Trouvé !", comme si c'était une chasse au trésor. Elle lui offre un large sourire et retire son bonnet, espérant qu'il la reconnaisse mieux ainsi. "J't'ai pris un café, c'est un peu trop tôt pour la bière", une illusion, une conversation comme si elle l'avait quitté la veille, comme si quinze années n'avaient pas coulé sous ce pont prêt à céder à tout moment. Elle s'approche de lui, son corps tout entier criant mille et une émotions différentes; joie, folie, tristesse, mélancolie, excitation, colère, c'est à peu près tout ce qu'il lui fait ressentir de le revoir. Elle aimerait lui sauter dessus, mais ce n'est certainement pas l'endroit. Elle prend une grande inspiration. "Ça va ?", plus banal, tu meurs.
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Roem Baker

Roem Baker



◦ id : eigengrau (elle)
◦ faceclaim : f. civil © nukaven/av ; harleygifstock/gif

◦ age : trente-deux anneaux cerclés autour de son propre épicentre.
◦ occupation : charpentier et ébéniste ; passion de fendre et sculpter le bois pour en faire naître des meubles.
◦ area : brooklyn.
◦ mood : on melancholy hill.


seasons of love
options: (fr only)
rp: (open 1/3) 700+ mots en général, 3e pers. du singulier
companions:
trigger warnings: (joués) mentions d'aérophobie. (sujets non lus et non joués) injection de drogues, age gap 15+, romantisation des relations toxiques, violences sexuelles.
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in a heartbeat

@Jolene Holman  

Elle avait une chemise bleue, les cheveux trop longs et un regard trop franc. Noir-amer, celui des chocolats soixante-dix pourcent.
La première fois. Pas qu'il la voyait, sûrement pas ; mais la première qu'il a entendu sa voix. Et elle avait la voix médiane, médium et médiante, juste entre le trop et le pas assez, à sa manière chantante, mais sûrement pas médisante. Disons pour faire court qu'il y avait au creux de ses syllabes une fêlure écorchée qui était loin d'être déplaisante, un genre de gouffre qui aspirait remarquablement certaines lettres  pour les transformer en soufflements, en chuchotements qu'on avait du mal à entendre. D'autres, à l'inverse, semblaient comme amplifiées, des notes fortissimo comme disent les musiciens, des croches pendues sur le bout des lèvres, ou de la langue, comme des ponctuations insolentes. Elle avait la grammaire chantante, maniait la conjugaison comme irrévérence. Mais le plus charmant, c'était ses injures, les ratés et les ratures qu'elle collectionnait et portait en parure ; ces morceaux de mots, ces syllabes en trop, ces jurons échappés lors d'une gaffe ou d'un dérapage que de grâce, personne n'aurait voulu lui arracher. Mais son vrai talent, c'était qu'elle le faisait toujours avec assurance. Avec cette putain d'insolence qui hurlait au monde qu'elle se fichait qu'on la reprenne, qu'elle n'existait pas seulement par accident.

Elle avait une chemise bleue, les cheveux trop longs et un regard trop franc. Noir-amer, celui des chocolats soixante-dix pourcent ; tout ça c'était y'a un bail, presque quinze ans. Il ne sait pas pourquoi cette image-là ne l'a jamais quitté. Elle au contraire, ne s'en était pas privée. Quoiqu'elle n'avait jamais réussi à offrir à cet éloignement quelque chose de définitif, à bien y songer – et lui non plus. Il y avait eu des périodes, des morceaux de vie entiers sans qu'elle n'y pointe le bout de son nez. Dans ces bouts d'existence, Roem arrivait à croire à l'oubli, en ce qui la concernait. C'était peut-être un mensonge qu'il se racontait, mais il réussissait à se convaincre chaque fois qu'elle finirait par s'effacer, Jo. Comme l'encre qui s'affadit sur les affichages, ou les dessins dans le sable, sur la plage. Puis à chaque fois, après une ou deux éternités, Jo revenait. Toujours. C'était un texto ou une carte postale, c'était toujours une poignée de mots chantants, charmants – des syllabes en trop, des croches qui l'accrochaient en un instant, signés Jo. Et il n'avait jamais été capable de lui refuser une réponse, même lorsqu'il avait cessé d'espérer quoi que ce soit. Elle était devenue une sorte de présence en pointillés, une abstraction pendue à un bout de sa mémoire ; un être qu'il n'imaginait plus tant fait de chair, mais seulement de souvenirs. Le genre qu'on ne devine que les yeux clos, dans le noir. Jo, il n'avait jamais vraiment pensé la revoir. Même lorsqu'elle lui avait écrit cette fois-là – une de plus ; en bon fantôme, il savait qu'elle finirait par s'évanouir.

Pourtant cette fois elle est là.
Jo n'a plus sa chemise bleue et ses cheveux trop longs, mais elle a toujours le même regard ; noir-amer, celui des chocolats soixante-dix pourcent. Elle est là, et elle se tient dans l'encadrement, et lorsqu'il la reconnait son geste sur le bois dérape. La lime heurte son doigt et c'est lui qui souffle un juron, avant même d'avoir eu le temps de la saluer correctement. Car sans doute était-elle devenue tellement extérieure à sa vie, tellement annexe, que l'idée qu'elle puisse franchir cette porte ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Parce qu'il savait qu'il n'y avait aucune possibilité pour qu'elle entre dans cette boutique, ce jour-là ou un autre  ; parce qu'elle ne faisait plus partie de sa vie, comme il ne faisait plus partie de la sienne depuis longtemps. Et ainsi, son esprit n'avait pu qu'être abasourdi de la voir soudainement exister devant lui, à tel point qu'il n'avait plus été en mesure d'en contrôler le geste des mains, soudainement maladroites.
La posture se redresse, les doigts pressent machinalement la phalange écorchée. Rien de grave. De toute façon, la douleur est déjà éclipsée ; parce qu'il la dévisage, et que tout ce à quoi il est capable de penser, c'est qu'elle est là devant lui. Qu'elle se tient là, de chair et de joues rosies par le froid, qu'elle a même un putain de café à la main comme s'il avait été prévu depuis un bail qu'elle passe mettre sa vie sans dessus-dessous au petit matin. Et il se dit qu'il a sûrement l'air franchement con à la lorgner comme ça sans rien dire, alors il tente de se reprendre et papillonne des yeux autour de lui pour atterrir sur sa main vaguement douloureuse pour la secouer. Le temps de reprendre une contenance, d'humecter ses lèvres trop sèches. De trouver le courage de prononcer son nom, ce tout petit mot.

Jo ? Mais tu fous quoi ici, je... Merde, Achève t-il en un souffle nerveux en massant son doigt. « Comment tu sais où je bosse ? Qu'il reprend, l'œil remontant vers le visage qu'elle lui présente.

Et il se rappelle : il lui avait dit, lorsqu'ils avaient bavardé, y'a quelques temps de ça. Sauf qu'il ne pensait pas que ça aurait la moindre incidence, que c'était le genre d'informations lâchées comme ça, sans conséquences. Et surtout pas celle de la voir passer la porte. Au creux de la tête, les questions fusent, l'esprit se fait brouillon, assailli par un flot de sentiments contradictoires ; surprise, incompréhension, et peut-être aussi une pointe de peine, nichée quelque part dans l'estomac. Ce doit être de la voir, après tout ce temps. De saisir qu'elle était plus que le fantôme en lequel il l'avait transformée.

C'est vrai, j'te l'ai dit, Qu'il se rattrape alors rapidement, vaguement désorienté. « Je... » La voix qui se meurt, les prunelles qui s'agitent, incertaines d'être en droit de la dévisager. De dénombrer toutes les choses qui, dans ses traits, avaient pu changer. « Merci pour le café, Qu'il achève un peu idiotement, sans doute incertain du bon discours à tenir.

Et si les pensées fusent et s'emmêlent, les mots, eux, sont aux abonnés absents. Il aurait eu envie de faire quelque chose, en la revoyant. Je veux dire, lui offrir autre chose qu'une parole stupide sur ce café, ou une maladresse de gaucher. Il aurait voulu s'approcher, il aurait voulu lui sourire comme elle lui souriait, il aurait voulu lui dire ; Jo, t'étais où pendant tout ce temps ? Je crois qu'il aurait aimé montrer pleinement l'enthousiasme instinctif que ces retrouvailles surprise lui insufflaient. Mais la nature bancale et décharnée de celles-ci le lui interdisait. Parce qu'on ne dit pas ça, alors qu'on s'est pas vus depuis quinze ans. Il le sait. Et il ne sait pas non plus ce qu'on doit dire à la place, il ne connait pas le mot juste, alors le verbe reste de glace. La sensation sur le palais est dégueulasse. Il paraît que c'est le goût du regret, des non-dits mêlés, à demi-régurgités, le goût de l'inachevé.
Depuis quand avec elle, parler était devenu aussi compliqué ?

Désolé. C'est juste... Je pensais pas te voir là, Qu'il finit par glisser en frottant vaguement ses mèches brunes d'un mouvement de doigts nerveux. « Ou même ailleurs.
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@Roem Baker  

Il existe des âmes qui gravent leur empreinte avec une profondeur inégalée, des âmes dont la simple pensée ou le bref éclair de leur passage dans ta vie te métamorphosent, t'élevant à un niveau où elles deviennent une part essentielle de ton être. On murmure que de telles rencontres ne se produisent qu'une fois dans une vie, que c'est un enchantement, une magie qui, même maladroite, demeure empreinte de nostalgie. Jolene, elle, n'a jamais cessée de penser à Roem, maintenant et toujours. Parfois avec un amour qui déborde jusqu'à en devenir presque insoutenable, parfois avec une rage intense et insondable, parfois avec la tendresse des souvenirs passés. Dans la cour d'école, il était toujours l'âme vers laquelle elle se perdait sans hésitation, sans obstacle, sans crainte. Il était l'énergie dont elle avait besoin lorsque sa propre batterie était au plus bas. Même éloignés, c'est toujours lui qu'elle aurait choisi. Elle l'a souvent recontacté, incapable de l'effacer de sa mémoire. Frère, amant, meilleur ami, parfois ennemi. Il était tout cela et bien plus encore. Alors, sur un coup de tête, comme beaucoup d'autres auparavent, elle a trouvé le courage qui lui manquait pour revenir et marquer New York de sa présence ardente. Elle souhaitait raviver des amitiés oubliées, des souvenirs égarés dans les méandres de sa mémoire, et même des parfums scellés qui pourraient faire revivre des instants précis, des émotions instinctives. 2024, une Jolene nouvelle. Elle qui méprise les résolutions, particulièrement ceux qui les adoptent chaque premier janvier, comme s'ils étaient destinés à être inévitablement rompus. Pourtant, elle semble animée d'une détermination à rectifier des erreurs, même si le temps semble avoir creusé trop profondément dans le passé pour envisager un retour triomphant. Tant qu'elle n'a pas essayé, elle refuse de se résigner.

Lorsqu'elle pénètre cette porte, elle pressent que tout sera différent. Il est là, toujours une ou deux têtes au-dessus d'elle, sculpté par des muscles et doté de cheveux assez longs pour se perdre entre ses doigts. Une blessure survient par sa faute, et elle s'imagine déjà l'escorter aux urgences. Ils sont tous les deux déstabilisés, elle et Roem. Pour la première fois, il réussit à la déstabiliser. Elle se sent presque idiote, tenant ses cafés. Pourtant, la légendaire innocence de son vieil ami refait surface, et il est touchant. "C'est ce qu'on appelle un miracle de Noël" déclare-t-elle lorsqu'il lui demande pourquoi elle est là. Elle avale difficilement sa salive. Bien sûr, elle ne s'attendait pas à ce qu'il la prenne dans ses bras avec enthousiasme. Elle ne sait pas vraiment à quoi elle s'attendait, Roem étant toujours plus sage et mesuré qu'elle. "...Enfin, il paraît" ajoute-t-elle, incertaine d'être le miracle le plus enchanteur.

Envoûtante muse lorsque le soleil cède sa place à la douce lueur lunaire. Dans cette vaste étendue qui les sépare, elle se présente comme un grand point d'interrogation, reflété dans le miroir de ses yeux. Pour rompre la glace, elle s'approche gracieusement, débarrassant son épaule de son manteau et ôtant son bonnet, cherchant à discipliner ses mèches de cheveux énergiques. Depuis quand cherche-t-elle à se parer de beauté pour un homme? Pas n'importe quel homme, toutefois. Une légère teinte rosée apparaît sur ses joues, chose rare chez elle. Faire rougir Jolene, c'est comme dévoiler par pur hasard la formule secrète du Coca-Cola. "Désolée pour ton doigt, ça va ?" normalement, elle aurait pris sa main dans la sienne pour inspecter la petite égratignure, mais rien n'est ordinaire dans cette pièce à cet instant. Même le parfum du bois diffère. L'odeur de Roem est amère, celle de Jolene, incomplète. Elle place les tasses de café près de lui. "J'ai choisi deux cafés différents, je ne me rappelle plus vraiment comment tu le bois" En quinze ans, elle a perdu beaucoup de choses de vue en ce qui le concerne. Il y a tant à apprendre et à rattraper, si seulement il le permet.

La proximité qu'elle instaure de cette manière, semble aussi étouffante pour elle que pour lui. Son cœur bat de manière inhabituelle, pas plus étrange que d'habitude, mais elle sent que quelque chose a changé. Ses yeux restent rivés sur Roem, pensant être discrète, mais l'observant de manière effrontée. Ses cheveux bruns, mèches rebelles encadrant son visage serein, ses yeux noirs et profonds capables de narrer des récits extraordinaires, ses mains marquées par le bois qui pourraient, malgré tout, la caresser avec délicatesse. Le silence s'étire, mais il n'est pas oppressant, car bien qu'ils ne se parlent pas verbalement, leurs yeux communiquent timidement. "Est-ce que je... Est-ce que je peux t'enlacer ?" Parce qu'une envie dévorante la consume, bouillonnant en elle tel de la lave en fusion, parce que les bras réconfortants de Roem ne l'ont pas enlacée depuis bien trop d'années. C'est la première fois qu'elle lui fait une telle demande. Les jours où leurs étreintes amicales étaient monnaie courante sont bien loin, tout comme l'époque où la gêne n'était même pas un concept dans leur amitié. Pourtant, elle est convaincue que le temps pourrait, peut-être, jouer en leur faveur. Chaque chose en son temps.
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Roem Baker

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@Jolene Holman  

Elle a certainement changé, Jo. Un peu, juste un peu. Dans les creux. Elle a changé dans les interstices qu'on ne perçoit pas au premier abord, dans la profondeur des fêlures créées par les années et les blessures. D'une manière sur laquelle on ne parvient pas à apposer de mots, les premiers instants, certainement parce qu'on se retrouve bien trop absorbé par toute une somme d'autres choses ; et ce n'est qu'une impression générale qui en résulte, rien que cette idée flagrante que l'autre est un livre dont on a raté tant de chapitres qu'on s'en retrouve un peu confus, légèrement désorienté. Surtout parce que paradoxalement, tout dans les traits qui nous font face hurle sa familiarité. Il n'aurait certainement pas pu oublier son visage, pour la simple raison qu'il n'avait jamais cherché à le faire, et que celui-ci traversait parfois le cours de ses pensées pour se rappeler à lui ; mais lors de l'éloignement, les visages qu'on ne voit plus se remodèlent à loisir pour devenir un peu plus flous, comme s'ils avaient été recouverts d'une fine couche de buée, ou de givre. Le plus étrange est qu'on ne s'en rend souvent pas compte, évoquant quelques détails bien connus – la nuance d'un regard, la courbe particulière d'un nez – pour prétexter avoir l'image de l'autre toujours gravée à l'esprit dans toute sa précision. Et ce n'est certainement qu'en retrouvant enfin la vision réelle de ce visage peu à peu transformé par les souvenirs, qu'on prend la pleine conscience de la grossièreté de l'ébauche qu'on se figurait.
Roem se rappelait parfaitement de la couleur de ses yeux – nuance obsidienne si particulière qu'elle faisait certainement partie des premières choses qu'on remarquait chez elle.
Il se rappelait parfaitement de ses yeux, mais pas de son regard. Stupidement, il l'avait oublié. Il avait oublié la manière sans détours qu'elle avait de le regarder, qu'importe l'émotion qui pouvait l'habiter. Droite et franche, sans jamais se débiner, comme si le plus important se trouvait quelque part dans l'iris qui lui faisait face, et qu'elle se devait de fouiller. Jo, elle avait cette façon radicale et singulière de vous faire sentir important, lorsque vous lui importiez. Sans le moindre effort ou la plus bête des paroles, elle réussissait toujours, on ne sait comment, à vous donner l'impression de pleinement exister. Ça aussi, il l'avait oublié – certainement en perdant l'habitude de la laisser fouiller ses iris en archéologue passionnée.

Quatorze ans. Ça fait quatorze ans, exactement.
Peut-être qu'il n'en prend réellement conscience qu'à cet instant, qu'il lui avait fallu revoir le visage de Jo pour pleinement comprendre ce que ces années impliquaient. Elle n'était plus la même ; lui non plus, très certainement. Parce que quatorze ans, ce n'est même plus une séparation : c'est un monde entier, un monde dans lequel on a enfoui des morceaux de vie entiers. Un monde fait de visages et d'êtres qu'on ne connait plus, de pays étrangers, de souvenirs inconnus. Et que si certains d'entre eux avaient été épisodiquement racontés au travers de brefs échanges sur l'écran glacé, la plupart des choses étaient restées coincées là, quelque part dans leurs pays respectifs.
Dans un endroit qu'on n'atteint que par l'iris.

Et il voit bien qu'elle est déçue, Jo. Un peu mal à l'aise face à sa réaction – ou sa façon au contraire d'en manquer, de rester ainsi éberlué. Il aimerait être capable de faire autrement ; mais son retour inopiné, sa silhouette qui déboule sans prévenir dans la boutique, il peut pas gérer. Pas pour l'instant. Peut-être se maudit-il de ne pas s'esclaffer d'un rire léger, lorsqu'elle s'érige en petit miracle de Noël – et élude d'ailleurs agilement la question précédemment posée. Il n'en est pas capable, n'esquisse qu'un bref sourire machinal, sans doute encore un brin nerveux. Evite son regard, juste un peu ; le temps de trier ses idées. Il ne veut pas paraitre malpoli, ou distant, il ne veut pas qu'elle se mette à penser que la surprise a foiré, qu'elle devrait s'en aller – il a juste besoin de temps. Alors pour occuper ses mains, et puis ces yeux qui ne cessent de papillonner pour éviter ses traits, il fait mine de ranger les outils sur son établi – là où elle dépose deux cafés.

— T'en fais pas, c'est rien du tout, Tempère t-il en agitant machinalement la main porteuse du doigt écorché. « Ça m'arrive quand je me distrais. Et niveau distraction, te voir arriver ici, c'était pas mal.

Il tente. L'once d’espièglerie glissée, empreinte caractéristique de sa personnalité ; ces notes d'humour discrètes, placées ça et là entre quelques syllabes habiles. Il tente de se détendre enfin, de lever le nez vers son visage : ah, c'est un peu moins compliqué de la dévisager, cette fois. Il arrive même à lui adresser l'ébauche d'un sourire, lorsqu'entre en scène leur inévitable méconnaissance commune – même manifestée par quelque chose d'aussi futile qu'un café.

Noir, sans sucre, allongé, Qu'il récite en se saisissant d'un des deux gobelets. « T'aurais pas pu le savoir : y'a quinze piges, je le buvais avec trois fois trop de lait.

Le carton est porté à ses lèvres machinalement, et le liquide brun lui brûle la gorge. C'est agréable ; comme l'odeur de café qui flotte entre eux, ou le regard qu'il sent peser sur son profil. Qu'il croise, finalement. Il ne sait pas bien comment réagir à ce silence qui traine, et se demande ce qu'il est de coutume de faire dans ce genre de situation ; ce qu'elle attendait de lui, en débarquant soudain et sans raison. Mais y'a quelque chose de simple dans son regard, Jo, qui lui fait oublier en une seconde l'entièreté de ses questions. Alors évidemment que celle qu'elle lui pose le prend au dépourvu : depuis quand avaient-ils eu besoin d'autorisations pour s'approcher ? Ses mots le désorientent ; mais le plus étrange, c'est qu'il se rend compte que si elle l'avait enlacé sans prévenir, il n'aurait pas été tout à fait certain de sa réaction, de son propre instinct à ce sujet. Bêtement, il la dévisage une seconde avant de réagir. D'étouffer un simulacre de rire, soufflement perdu lorsqu'il glisse ses bras autour de ses épaules puis de son dos pour l'enlacer. Enfin, Jo.
Et il existe une seconde où il ne sait que faire de ses bras maladroits autour de ce corps à la familière étrangeté, rien à voir avec dont il se rappelle, mais le geste, vous savez ; le geste est le même. Elle avait cette même manière de faire, d'enfouir son nez contre sa poitrine et de l'enserrer si fort qu'il aurait pu avoir peur de la voir s'étouffer, jusqu'à l'entendre rire ou parler comme ultime preuve de vie. Alors il l'enserre aussi, et il a l'impression que c'est son coeur, qu'elle attrape de ses bras menus. Sinon, comment expliquer qu'il se serre ainsi ? Comment expliquer la torsion confuse dans sa cage thoracique alors qu'il enfouit son nez dans ses cheveux et ferme les yeux – juste un peu. Il ne s'est même pas rendu compte qu'il s'était mis à sourire, à sourire comme un con, abandonné là à la joie absurde de retrouver un être tant aimé, si familier.

Sa main se lève, hésite à peine, plonge dans la chevelure brune. Il la serre sans la regarder comme pour la reconnaître, parce qu'il parait que les doigts ont une mémoire que les yeux n'ont pas. On y noue des souvenirs de douleurs, de douceurs, le velours des instants passés, la soie des secondes qui ont trépassé. On les cherche lentement, à tâtons, et peut-être oublie t-on un peu de penser. Mais ce n'est plus important, car dans le ballet des sens qui se cherchent et se retrouvent, seule compte la valse tremblante de cette mémoire partielle, immensément fragile, que l'on apprivoise par frôlements.

Et puis finalement, l'un et l'autre s'écartent ; il ne sait pas pourquoi il se sent si embarrassé, soudainement alourdi de l'instant passé. Peut-être parce qu'il a senti ce truc. Qu'il se demande si elle aussi. Ce truc, vestige de souvenirs sépias, d'une histoire conjuguée à l'imparfait. Achevée. Peut-être, ou peut-être pas tout à fait. Ou peut-être qu'il a tout imaginé.

Tu m'as pas répondu, tout à l'heure, Enonce t-il alors d'un ton qu'il tâche de garder détaché, pour briser le silence qui s'est immiscé. « Tu fais quoi ici, t'es là pour combien de temps ?

Dans la voix, l'évidence qu'elle repartira. Parce que Jo, elle ne fait que ça – aller et venir dans sa vie, à tel point que le concept en est devenu habituel. Sous ses mots, terriblement naturel ; quelque chose devient alors hésitant, dans le son de sa voix.

Pourquoi tu m'as pas dit que tu comptais venir, quand on s'est écrit l'autre fois ?  
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@Roem Baker  

Pendant une éternité, elle portait en elle cette certitude profonde, celle de retrouver Roem. Il avait toujours été une constante dans sa vie, gravé dans sa mémoire depuis aussi loin qu'elle pouvait se rappeler. Avec une assurance désinvolte, flirtant avec l'orgueil, elle savait qu'il ne pouvait jamais se détacher d'elle, tout comme elle-même ne pouvait se détacher de lui. Peu importaient les océans, les fuseaux horaires, ou les épreuves qui semblaient les séparer, ils finissaient toujours par se retrouver. Au plus profond d'elle, une flamme brûlait, éternelle et réconfortante, une source infinie de chaleur qui la réchauffait quand elle en avait le plus besoin. Il était l'essence même de cette flamme, et elle n'avait qu'à dégainer son téléphone, parcourir d'anciennes photos, relire des messages, ou même tenter un flirt par message pour raviver ces sentiments intacts.

En lui, elle retrouvait la Jolene d'autrefois, avec cette émotion et cette complaisance familières. Même lorsqu'elle avait appris que sa vie était en danger à cause d'un cœur meurtri, malade et malmené, cet événement avait été une claque qui l'avait marquée profondément. Elle remerciait parfois la vie de cette révélation, et encore plus quand il était enfin là devant elle. Bien sûr, elle avait forcé cette rencontre, consciente qu'un rendez-vous aurait été trop stressant. Ce matin-là, armée du courage qu'elle avait en réserve, elle l'avait retrouvé, son beau Roem. L'homme qui faisait naître un point d'interrogation mais aussi un cœur sur le côté, prêt à être saturé davantage. Lorsqu'il parlait de distraction, elle ne pouvait s'empêcher de sourire, car elle avait toujours été la distraction de sa vie. Elle plongea ses lèvres dans son verre, dissimulant presque un sourire moqueur derrière celui-ci tout en le fixant, préoccupée par son doigt meurtri. "Au moins, nos retrouvailles laisseront une empreinte indélébile", certaine que cet accroc sur la scène laisserait une marque à vie. Comme s'ils avaient besoin d'une énième marque pour ne jamais s'oublier. Deux âmes éternellement liées dans les tumultes de leurs vies chaotiques. Roem, comme à son habitude, restait doux et délicat, soulignant que le temps écoulé n'était pas de sa faute. "Je saurai pour la prochaine fois !" promit-elle, imposant presque un prochain rendez-vous à Roem. Elle se lançait cette mission à elle-même, consciente de tenir toujours ses promesses, aussi tacites soient-elles.

Puis, un moment un peu différent surgit, comme une brise qui frappe en plein soleil et refroidit la pièce. Elle le retrouva, hésitant, peut-être choqué de la voir ici. Ne voulant pas lui imposer un choc supplémentaire, elle demanda la permission de l'enlacer. Son souffle se retint à la question, sa cage thoracique prête à exploser. Elle aurait presque envie de fuir, presque honteuse, mais elle ne pouvait s'empêcher. Quand il s'approcha d'elle, elle en pleura presque. Le soulagement était immense. Elle ne se fit pas prier, enroula ses bras autour de sa taille et le serra si fort qu'il devait peiner à respirer. Son visage enfoui contre son torse, elle respirait son odeur comme si elle voulait l'absorber. Soupire de plaisir tout à fait audible, lâché malgré elle. Putain, que ça faisait du bien. Oh, Dieu, qu'il lui avait manqué, et ce câlin lui rappelait à quel point il demeurait la meilleure personne dans son univers. Elle ne le lâcha plus, 10 secondes, 10 minutes ou 10 heures s'étaient écoulées, elle n'en savait rien. Elle savait simplement que ses batteries étaient rechargées et que cet instant surpassait n'importe quelle drogue de l'univers. Puis, vint ce "truc" familier, cette sensation qu'ils connaissaient bien, elle aussi se demandait s'il l'avait ressenti. Ils s'éloignèrent, mais maintinrent une certaine proximité. Un silence s'installa avant que la question redoutée ne revienne. Devait-elle mentir ou lui dire la vérité ?

"J'avais besoin de revoir ma famille, mes amis, Central Park et ses écureuils, l'Empire State Building et ses touristes, le pont de Brooklyn et son lever de soleil, et puis... Toi !" avoua-t-elle, laissant échapper la vérité. Elle aurait pu énumérer tous les endroits emblématiques de New York pendant des heures pour finalement admettre qu'il faisait partie du plan. "Je voulais te faire une surprise, et puis je suis contente de te revoir, Roem, vraiment" pas toi ? avait-elle envie de crier. Son sourire espiègle trahissait peut-être des joues teintées de rose, sa voix tremblant légèrement. Son cœur bondissait, mais envers lui, elle n'avait jamais menti. "Je n'ai pas l'intention de repartir, enfin... Pour l'instant, je vis chez ma mère en attendant de trouver mon chez-moi et un job" avoua-t-elle, une situation qu'elle percevait comme précaire. Elle savait qu'elle ne faisait pas rêver, que ses céramiques et peut-être un peu de weed de Los Angeles étaient les seules choses valables qui lui restaient, vestiges d'une vie passée embarqués sans difficulté dans ses valises.

"Est-ce que c'est ta boutique ici ?" demanda-t-elle, s'installant confortablement sur une table en face de lui. Avec un peu de malchance qu'elle connaît bien, elle pourrait faire craquer le bois sous ses fesses et déclencher une réaction en chaîne dans cet atelier, tout cela en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Malheureusement, elle ne vérifiait jamais où elle posait les pieds.
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Roem Baker

Roem Baker



◦ id : eigengrau (elle)
◦ faceclaim : f. civil © nukaven/av ; harleygifstock/gif

◦ age : trente-deux anneaux cerclés autour de son propre épicentre.
◦ occupation : charpentier et ébéniste ; passion de fendre et sculpter le bois pour en faire naître des meubles.
◦ area : brooklyn.
◦ mood : on melancholy hill.


seasons of love
options: (fr only)
rp: (open 1/3) 700+ mots en général, 3e pers. du singulier
companions:
trigger warnings: (joués) mentions d'aérophobie. (sujets non lus et non joués) injection de drogues, age gap 15+, romantisation des relations toxiques, violences sexuelles.
clubs, groupes:

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@Jolene Holman  

Sans doute que quelque chose l'avait embarrassé dans le fait de la voir là, de chair et d'os face à lui, alors le plus qu'ils avaient partagé ces quinze dernières années avaient été des échanges virtuels, sur écran glacé. Le souvenir des derniers en date, en particulier, lui a procuré une espèce de sensation d'embarras tenace, dont il n'a su que faire ; car pour être honnête, les textos qu'ils s'envoyaient par périodes éloignées n'avaient jamais rien eu de sérieux. Ils le savaient-ils tous les deux, puisque chaque discussion finissait inévitablement par mourrir dans l'œuf, étranglée par la divergence de leurs vies respectives, et la sensation poignante de ne rien en connaître. Pourtant, il avait existé des moments de dialogue virtuel – comme celui qui remontait à quelques semaines – où, poussés par un timing opportun ou bien la légèreté propre aux échanges dématérialisés, les deux anciens tourtereaux avaient pu s'adonner à un flirt léger. Rien d'assez coupable pour s'en sentir idiots a posteriori, juste quelques ambiguïtés agréables disséminées ça et là sous des mots volubiles ; sorte de séduction désinvolte qui n'aurait jamais dû dépasser le cadre des messages envoyés. Et c'est précisément ce décalage là, qui l'embarrasse : car en répondant à ces quelques textos, Roem n'avait jamais vraiment imaginé revoir Jo. Pas sérieusement, en tout cas. Et l'audace des mots tissés devait rester indéfiniment ce qu'elle avait toujours été depuis ces dernières années : une espèce de fumée douce, éphémère, et destinée à se dissiper. Elle n'avait jamais eu pour vocation première de prendre ainsi forme humaine, de devoir se déployer dans l'espace d'une réalité physique – la leur, celle qu'ils avaient abandonnée il y a longtemps. Ainsi, les choses restaient abstraites, confortables.
Et ne l'étaient soudainement plus, maintenant que Jo se tenait devant lui.

Plus flagrant encore, sa manière à elle de parler d'une rencontre prochaine, comme si celle qu'ils vivaient à l'instant ne marquait pas un moment éphémère, mais bien le début d'une quantité d'autres ; le renouveau de quelque chose – mais quoi ? – comme une évidence, sous ses mots. Ça le déstabilise, Roem, cette légèreté dont elle fait preuve, et son aisance naturelle. Il avait oublié, ou plutôt, disons que ces facettes d'elles s'étaient peu à peu conceptualisées, pour rester des souvenirs amorphes, intangibles. Comme elle. Pourtant, à l'instant, Jo n'avait jamais été si réelle.
Réelle aussi, cette façon de sous-entendre qu'il lui avait manqué, l'intégrant aux monuments d'une ville comme s'il en avait fait partie ; à cet égard, elle n'avait peut-être pas tord, puisqu'il y restait si immobile, qu'on aurait pu l'accuser d'en être l'un des murs. Au sens le plus cynique du terme. Pourtant, l'aveu remue quelque chose dans son ventre, dans son cœur ; Roem la dévisage, un peu pris au dépourvu par sa franchise naturelle.

— Moi ? Qu'il répète, laissant échapper un vague esclaffement en appuyant son épaule sur l'armoire qui le jouxtait, secouant légèrement la tête. « J'suis pas certain d'avoir l'orgueil de me comparer à l'Empire State. Encore moins aux écureuils de Central Park.

Les doigts attrapent le gobelet de café, qu'il porte à ses lèvres pour en boire une gorgée. Sans doute pour se donner un peu de marge afin de digérer les informations qu'elle lui débitait à toute vitesse : elle revenait à New York, il lui avait manqué, à tel point qu'elle avait voulu lui en faire la surprise. Et surtout, ce retour n'était pas fugace, mais plutôt du genre définitif. Cette dernière information en particulier avait noué son ventre, ne parvenant pas à savoir s'il était vraiment autorisé à s'en réjouir ; car il avait appris il y a longtemps que rien n'était vraiment définitif avec Jolene. Et s'il n'aurait jamais pu le lui reprocher – car il s'agissait d'une des choses qu'il admirait chez elle – il avait aussi appris à s'en méfier.

Attends, tu veux dire que tu te réinstalles ici, vraiment ? Avait-il fini par l'interroger en la dévisageant, un peu perplexe. « Je croyais que t'adorais la côte Ouest.

Et il avait dû se rendre compte que son étonnement devait passer pour un manque d'enthousiasme ; un détail dont il a semblé prendre conscience subitement, se rebiffant en posant son café pour secouer la tête.

Désolé, je dis pas ça pour... Tente t-il alors piteusement, marquant à la suite une courte pause. « Ça m'fait plaisir de te revoir ici, Jo. Vraiment. C'est simplement... Je m'étais habitué à l'idée que tu resterais là-bas. Et on a loupé tellement de trucs, toi et moi.

Comme préoccupé par l'idée que les mots ainsi étalés ne sauraient être assez, il a alors ponctué ceux-ci d'un sourire franc, un peu plus assuré.

Il va falloir que tu me racontes.

Qu'elle lui raconte ce qu'elle était devenue, ce qu'elle faisait, ce qu'elle aimait, ce qui avait changé et ce qui était resté identique. Qu'elle lui raconte qui elle était, ce qu'elle détestait, les milliers d'histoires et d'anecdotes sur elle qu'il avait manqué ; qu'elle se raconte elle, pour qu'elle puisse refaire partie de son récit à lui.
À sa question, il a lâché un vague rire surpris, et haussé les épaules en secouant la tête.

Ici ? Non, c'est celle de Henry. Je la tiens deux jours par semaines, et en échange il me laisse y travailler, me faire un peu d'argent en plus en retapant les meubles des clients, ou ceux qu'il récupère. C'est un bon deal, j'm'y sens bien, Admet-il en balayant les alentours d'un regard circulaire et bordé d'une certaine tendresse.

Tapotant alors des doigts sur le bois de l'armoire où s'était échouée son épaule, il a reporté son attention sur le visage de Jo, face à lui. Et il s'est dit que par politesse, elle finirait certainement par dire qu'ils se verraient plus tard, pour ne pas troubler son travail ; une possibilité qu'il ne voulait pas voir arriver. Bêtement, l'idée de la voir quitter la boutique maintenant le dérangeait, alors même qu'ils venaient tout juste de se retrouver.

Tu veux aller te balader ? Tente t-il en détaillant les traits de son visage. J'peux demander à Henry de reprendre la boutique pour la matinée. C'est calme, en ce moment.
 
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